Définition et conséquences

Dans un sol tassé, l’absence de porosité réduit la circulation de l’eau et des nutriments, indispensables au développement des cultures mais également à la réserve utile du sol. Cette absence de porosité va aussi contraindre le développement des racines. Celles-ci ne vont explorer qu’une partie du volume de sol, limitant ainsi la quantité d’eau et de nutriments accessibles pour les cultures ou la prairie. Des pertes de rendement peuvent être observées, en particulier lorsque les conditions climatiques ne sont pas favorables (période de sécheresse même peu marquée). A l’inverse, le profil de sol est aussi susceptible d’être noyé lors d’un épisode pluvieux. L’eau qui ne peut pas être évacuée via les pores va asphyxier une partie des racines, compromettant le développement des cultures ou de la prairie.

Comparaison sol tassé - Non tassé. Dans un sol tassé, l’absence de porosité réduit la circulation de l’eau, des nutriments et de la réserve utile du sol.

Comment éviter le tassement lors de l’épandage de digestats ?

  • Travailler dans de bonnes conditions

    Un sol humide, quel que soit le type de sol, est toujours plus sensible au tassement qu’un sol sec. Dans la mesure du possible, il est fortement déconseillé de procéder à l’épandage si les sols sont humides, le risque de tassement étant plus important.

  • Choisir un matériel adapté

    L’épandage sans tonne (pour les produits liquides) est un outil efficace pour réduire le tassement. Le digestat n’est plus transporté dans une tonne mais acheminé vers l’outil d’épandage (rampe avec pendillards ou outil d’enfouissement) attelé au tracteur par un tuyau traîné par l’ensemble. Le travail peut se faire en continu, il n’y a plus besoin de faire des arrêts pour ravitailler en bord de parcelle ou au méthaniseur. Les manœuvres de bout de champ sont réduites et il n’est plus nécessaire de traverser la parcelle à chaque fois que la tonne est vide.

    Epandeur sans tonne. Crédit photo : SlurryKat Ltd

    Crédit photo : Epandeur sans tonne, SlurryKat Ltd

  • Adapter la pression des pneumatiques

    L’épandage sans tonne n’est pas faisable sur toutes les parcelles ; il peut donc être nécessaire, pour des raisons pratiques et économiques, d’utiliser une tonne pour épandre le digestat. Dans ces conditions, il est recommandé de réduire la pression des pneumatiques de l’ensemble d’épandage, afin que la pression au sol exercée par l’engin et donc le tassement diminuent. En “dégonflant le pneu”, son empreinte au sol augmente, ce qui va répartir la charge sur une plus grande surface.

    Impact du gonflement du pneu sur le tassement du sol : un pneu dégonflé va augmenter son empreinte au sol --> répartition de la charge

    Contrainte exercée sur le sol à différentes profondeurs par les pneus d’une tonne à lisier de 20 m3 en fonction de leur pression :
    – 1,8 bar pression optimisée pour les travaux au champ
    – 2,8 bar pression recommandée sur route
    Données : Terranimo – 3.0.2244.1

    Si le recours à une tonne s’impose, il est possible de faire appel à des matériels différenciés pour le transport (du méthaniseur à la parcelle) et l’épandage (dans la parcelle). L’ensemble d’épandage ne circule que dans la parcelle et vient se ravitailler auprès d’une citerne en bord de route/chemin qui assure la navette entre le méthaniseur et la parcelle. Le recours à un chantier différencié permet de s’affranchir du gonflement/dégonflement des pneus à chaque ravitaillement puisque l’ensemble d’épandage ne circule que dans la parcelle. Cela permet un gain de temps et une réduction du salissement des chaussées.

    Chantier décomposé transport/épandage. Crédit photo : Fliegl

    Chantier décomposé transport/épandage, Fliegl

  • Gérer ses passages dans la parcelle

    Il n’est pas toujours possible d’épandre les digestats dans de bonnes conditions. La disponibilité du matériel, les conditions météorologiques, les besoins de la culture… de nombreuses contraintes peuvent imposer un passage pouvant entraîner un tassement. Dans ce cas, il est toujours possible de limiter la surface impactée en ayant recours au guidage par satellite. L’objectif est de toujours utiliser les mêmes traces de passage qui sont en quelque sorte “sacrifiées” afin de préserver la structure du sol entre les traces de passage. Le Controlled Traffic Farming permet d’optimiser le passage des différents outils dans la parcelle en fonction de leur largeur et de réduire la surface impactée par le roulement, qui passe de 72 % de la surface de la parcelle (sans guidage) à 17 %  seulement.

Les partenaires du projet Ferti-Dig

Le projet a été co-piloté par le laboratoire LBE d’INRAE et la Chambre d’Agriculture Bretagne (CAB).
Les travaux ont impliqué plusieurs équipes complémentaires œuvrant dans la recherche finalisée, la recherche appliquée, l’expérimentation ou l’enseignement. Ces partenaires travaillent ensemble notamment dans le cadre du RMT BOUCLAGE et contribuent à alimenter les références produites par le COMIFER.
Outre les apports d’autofinancements de chacun des partenaires, le projet a bénéficié d’un soutien financier de l’ADEME via son appel à projets « GRAINE », et de GRDF.