Les apports de digestats bruts et liquides sont raisonnés au regard des éléments fertilisants qu’ils contiennent. Si l’azote est retenu par la réglementation comme un élément prioritaire pour le dimensionnement de l’épandage, les digestats contiennent cependant d’autres éléments minéraux et souvent dans des proportions équivalentes ; il convient donc de ne pas les ignorer.

Le phosphore

Le phosphore est contenu essentiellement sous forme minérale dans les digestats. De ce fait, sa disponibilité est presque équivalente à celle des engrais phosphatés du commerce. Ce phosphore, une fois apporté au sol, va être utilisé en partie par les cultures ; une autre partie peut soit être fixée au sol et être transformée en formes plus ou moins disponibles pour les plantes (que l’on peut raisonner en interannuel), soit connaître un risque de transfert, principalement par ruissellement-érosion, selon les modalités d’épandage et de gestion de la parcelle.

Les teneurs en phosphore les plus élevées se trouvent dans les phases solides des digestats, notamment celles issues d’une séparation de phases par centrifugeuse ou celles ayant suivi un processus de séchage ou de compostage. Dans les zones excédentaires, la séparation de phases peut être une solution de résorption du P.

Médiane de la teneur en phosphore par classe de digestat
Teneur en phosphore par type de digestat (icônes réalisées par Surang et Freepik sur Flaticon.com)

Le potassium

Le potassium, compte tenu de sa solubilité, se retrouve surtout dans les phases liquides du digestat et sous forme minérale. Il est donc disponible à 100 % pour les cultures, comme celui des engrais potassiques du commerce. Une fois dans le sol, le potassium va être absorbé par la culture, adsorbé par les argiles ou perdu par lixiviation.

Valeur médiane en potassium (K2O) par classe de digestat
Teneur en potassium par type de digestat (icônes réalisées par Surang et Freepik sur Flaticon.com)

Raisonnement de la fertilisation

En raisonnant les apports de digestat en fonction de l’azote, il ne faudra donc pas oublier de regarder les quantités apportées en autres éléments fertilisants au regard des capacités d’exportation des cultures. On peut avoir deux situations :

  • si les quantités apportées par le digestat sont inférieures aux exportations des cultures (et si le stock dans le sol ne permet pas de couvrir les besoins), il va falloir compenser avec des engrais minéraux ;
  • si les quantités apportées par le digestat sont supérieures aux exportations, le seuil autorisé par les régimes ICPE risque d’être dépassé (cf. réglementation). Ce seuil est d’environ 65 kg/ha/an de P2O5.
  • Calculer les quantités de P et K apportées par le digestat

    formules de calcul des quantités de phosphore et potassium apportées avec un digestat

  • Exemple - quantités de P et K apportées par le digestat

    Mon digestat a 3 ‰ de P2O5 et 3,5 ‰ de K2O, ai-je besoin de compenser mon apport de 30 m3/ha sur maïs avec un engrais phosphorique et/ou potassique du commerce ?

    La quantité de phosphore apportée est de :

    Volume de digestat apporté x teneur en P2O5

    30 x 3 = 63 kg/ha

    La quantité de potasse apportée est de :

    Volume de digestat apporté x teneur en K2O

    30 x 3.5 = 90 kg/ha

    Ces quantités sont à soustraire de la dose de P ou de K à apporter. Le calcul de cette dose est à raisonner à l’échelle de la rotation en considérant les exportations des cultures.  Pour le maïs grain les exportations sont de l’ordre de 6 kg P2O5/tonne. Un rendement de 10 tonnes/ha correspond à 60 kg P2O5/ha. Dans l’exemple, un apport de 30 m3/ha de digestat est compatible avec l’équilibre de la fertilisation phosphatée.

Les partenaires du projet Ferti-Dig

Le projet a été co-piloté par le laboratoire LBE d’INRAE et la Chambre d’Agriculture Bretagne (CAB).
Les travaux ont impliqué plusieurs équipes complémentaires œuvrant dans la recherche finalisée, la recherche appliquée, l’expérimentation ou l’enseignement. Ces partenaires travaillent ensemble notamment dans le cadre du RMT BOUCLAGE et contribuent à alimenter les références produites par le COMIFER.
Outre les apports d’autofinancements de chacun des partenaires, le projet a bénéficié d’un soutien financier de l’ADEME via son appel à projets « GRAINE », et de GRDF.